Les années américaines

paru en janvier 2015

couverture Les années américaines

Verso Les années américaines

Non, vous ne rêvez pas… Sur cette couverture, belle, rebelle, et pour le moins inhabituelle, c’est bien Véronique Sanson qui pose sur une plage hawaïenne au beau milieu des années 70 ! Cette couverture un rien provoc’ est celle d’un beau livre paru en janvier 2015 aux éditions Grasset (et écoulé depuis à près de 10 000 exemplaires) dans lequel Laurent Calut et Yann Morvan, grands archivistes-documentalistes véronicologues passionnés, proposent de raconter par le menu, côté sunlights et côté spleen, son épopée du Colorado à Los Angeles, ses fameuses « années américaines », et de partager des trésors qu’ils venaient de mettre à jour. Le tout en totale complicité avec Véronique, et avec le précieux soutien de Violaine, sa sœur.

Dans les placards de l’appartement de leurs parents, qui les ont quittées il y a quelque temps déjà, et où il a bien fallu se résoudre à faire un peu de rangement, dans les greniers de la maison de Triel-sur-Seine où les cartons s’empilaient dans un joyeux désordre, et d’où on extirpait parfois un paquet de photos jaunies en se disant qu’il faudrait un jour y faire un vrai tri, dans sa cave à bateaux (sans bateau), où des piles de documents non répertoriés prenaient régulièrement l’eau à chaque crue de la Seine, dormaient des pépites. Parmi elles, toutes les images du shooting de Tori Lenze, en 1972, dont est issu le portrait figurant en pochette du Maudit, et une série de photos jamais publiées, prises par son ami Patrick Goldschmidt à Hawaï durant l’été 1975. Une sélection en est reproduite, ainsi que d’autres, inconnues, comme celles envoyées depuis la Californie par son vieux copain Ken Otter.

L’autre atout de cet ouvrage est de présenter la genèse des chansons des albums Le Maudit (1974), Vancouver (1976) et Hollywood (1977) en l’illustrant pour la première fois avec les pages tirées de ses cahiers manuscrits. Au-delà de l’aspect « historique », on remarquera, entre ratures et hésitations, des illustrations griffonnées dont certaines destinées à son fils Christopher, encore bébé à l’époque. Enfin, les témoignages de ceux qui s’en souviennent aujourd’hui et quelques-uns des articles de presse les plus emblématiques de l’époque complètent cette célébration à 40 ans de distance, celle d’années fastes qui ont bouleversé la vie et la musique de notre première vraie chanteuse pop.

Un seul regret pour les auteurs : le fait de ne pas avoir eu le temps de croiser certaines informations qui auraient permis de tordre le coup au départ précipité de Véronique fin 1972 pour rejoindre Stephen Stills. La date exacte de ce vol aller-simple Paris/New York est le 21 février 1973, soit près d’un an après leur première rencontre dans les bureaux de WEA. Ça a l’air d’un détail, mais ça allonge d’une saison le délai de réflexion de Véronique, tendrement harcelée par un magnifique guitariste américain alors qu’elle s’apprêtait à emménager avec Michel Berger… Autre détail factuel : la date des photos page 12, prises par Dominic Lamblin, n’est pas le 27, mais le 2 octobre 1972.

Malgré un nouvel album pratiquement bouclé, Véronique a créé la surprise en plaçant la tournée 2015 sous la bannière étoilée de ces « années américaines ». Pas question pour autant, pour une artiste qui vit d’abord au présent de se laisser cantonner dans la seule célébration d’un passé, certes glorieux, mais depuis longtemps révolu. D’ailleurs, si elle a choisi pour composer le répertoire de ces concerts de puiser largement dans ses premiers albums enregistrés outre-Atlantique, et si elle a souhaité faire appel pour l’accompagner au regretté Steve Madaio, le formidable trompettiste qui avait œuvré pour Joplin, Dylan, Lennon, et arrangé tous les grands albums de Stevie Wonder avant d’enchanter pour elle Hollywood, il ne fallait pas s’attendre sur scène à un son excessivement seventies. C’est bien ici et aujourd’hui que Véronique revisite des chansons finalement intemporelles.

Disponible depuis le 21 janvier 2015 dans les meilleures librairies et bien sûr en ligne, ce beau livre de 128 pages est préfacé « à la main » par Véronique Sanson.
Plus d’informations sur sa genèse et sa promo ici.